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Pourquoi la céramique ?

La terre qui subit la technique céramique a des comportements qui évoquent une forme de vie. L’objet que l’on modèle dans l’argile plastique n’est pas celui que l’on aura au final. Il évolue. Lors du séchage, la terre se rétracte, la pièce peut gauchir et même se fissurer. Dans le four, ces comportements sont amplifiés, et elle peut s’affaisser, voire exploser si nous n’avons pas respecté toutes les règles de l’art. De malléable et fragile, elle devient solide. Cette genèse jalonnée de transformations physiques et chimiques périlleuses confère sa valeur à l’objet céramique, il est accompli. Une forme durable est née, elle est exprimée.

EN PRATIQUE

Selon les volumes à modeler, je combine les techniques : tournage, plaques, colombins et sculpture dans la masse. Je tente constamment de donner à mes réalisations une légèreté, soit par des formes effilées, soit en y intégrant des tiges de métal, du fil de fer ou de la ficelle.

Lorsque j’ai sculpté la pièce, je m’occupe de la recherche de teintes et du mode d’application des jus d’oxydes (pinceau, pistolet, éponge, frotté ou non…). Lors de la cuisson, le ton et la teinte varient en fonction d’un grand nombre de facteurs tels que la température ou la terre utilisée. Tous ces aléas m’obligent à multiplier les échantillons en notant mes recettes, et alors même que je m’y attelle consciencieusement, je ne suis pas totalement à l’abri de surprises… Pour moi, ce caractère capricieux et exigeant participe du charme des oxydes.

J’aime sculpter les objets les plus grotesques avec la plus grande rigueur. Quelquefois, mes sculptures illustrent un concept, mais souvent leur seule ambition est de déconcerter, amuser ou faire rêver.

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Mon parcours

À DEUX PAS DES BANCS DE L’ÉCOLE

 

Mon premier contact avec la céramique remonte à mes douze ans. Je participe à l’atelier de l’école tous les mercredis après-midi pendant deux ans. Cette expérience, à priori anecdotique, oriente mon choix d’études dans le domaine des arts plastiques.

En 1983, je termine mes études à l’Institut des Arts Décoratifs et Industriels de Liège avec le premier prix en Arts graphiques.

N’ayant pas l’opportunité de travailler dans le graphisme, nécessité fait loi, j’accepte un emploi dans l’administration. Après quelques années dans cette fonction, j’éprouve une envie d’activité artistique. Pour être tout à fait exact, je dois plutôt parler de pulsion que d’envie. C’est ainsi qu’en 1990, je pousse la porte de l’atelier de la Fontaine pour y apprendre les techniques de la céramique.

 

DE L’ARTISTE À L’ARTISAN

 

L’activité principale de cet atelier est le tournage, et je me sens fort limité par cette technique. Je souhaite sculpter et je demande à Jacques Eyen - potier responsable de l’atelier - comment m’y prendre. Il me répond : " Fais comme tu le sens ! ".

C’est ce que je fais. Bientôt, les horaires d’ouvertures de la poterie ne me suffisent plus, et je m’installe un atelier rudimentaire à domicile. Je continue à émailler et cuire mes pièces à l’atelier de la Fontaine, j’y prends également quelques conseils, mais la sculpture, je l’apprends en autodidacte.

J’ai l’occasion de présenter mes œuvres lors d’expositions, de concours ou dans des galeries d’art entre 1994 et 1997.

À cette époque, Jacques me propose de travailler avec lui. Ma création prend alors une tournure plus artisanale qu’artistique. Je conçois des objets utilitaires, Jacques se charge de la partie technique - tournage et plaques -, et je m’occupe ensuite de la décoration, du modelage d’éléments ornementaux et de l’émaillage. Cette collaboration, bien qu’enrichissante du point de vue artistique, ne l’est pas au niveau matériel, et je me réoriente vers une profession plus contemporaine.

 

LA SCULPTURE TOUJOURS… MAIS NUMÉRIQUE

 

En 1998, je suis une formation en multimédia à l’Université du Val Benoit et je mets mon activité de céramiste entre parenthèses pour me consacrer à ma nouvelle passion. Je ne sculpte plus l’argile, mais les polygones. Je travaille comme infographiste 3D pour diverses sociétés dans des domaines tels que les cyberacteurs - marionnettes virtuelles -, l’architecture, la réalisation de films pour parcs d’attractions et le dessin animé. J’exerce à tous les niveaux du métier : modélisation, texturing, setup de décors ou de personnages, éclairage, animation, capture de mouvements, postproduction… ou encore écriture de scénarios et coordination de studios de dessins animés. J’enseigne également l’infographie 3D dans une Haute école.

 

RETOUR À LA TERRE

 

En 2010, le contact avec la matière me manque et je reviens à la céramique. D’abord en solitaire, et ensuite, en janvier 2011, je m’inscris à une " formation générale terre " de deux ans au Centre d’Expression et de Créativité de la Province de Liège. Parallèlement, je participe à plusieurs stages en rapport avec la céramique tels que la porcelaine, le naked raku et le moulage, ou sans aucun rapport : fabrication de papier et dinanderie.

Depuis 2011, je me suis installé un atelier à domicile et la céramique est mon activité principale. Régulièrement, je suis invité à donner des formations au Centre d’Expression et de Créativité " Les Chiroux " sur mon domaine de recherche : l’utilisation des jus d’oxydes. Ce travail sur les couleurs obtenues au moyen des oxydes métalliques a fait l’objet d’un livre paru en juin 2019 aux éditions Eyrolles, puis publié en allemand sous le titre " Oxidmalerei " chez Hanusch Verlag.

En 2020-21, je jette un pont entre mes connaissances céramiques et infographiques en élaborant une formation en impression 3D céramique pour le Centre d’Expression et de Créativité de la Province de Liège.

 

LA CRÉATION CONTINUMENT… MAIS LITTÉRAIRE

 

Voilà déjà longtemps que je songeai à écrire, et le sinistre coronavirus m'en a offert l'occasion. J'ai remisé mes ébauchoirs et autres mirettes au profit du clavier et je ne modèle plus la terre. Je combine les mots. Les phrases et les chapitres engendrent des personnages, érigent une histoire, un univers…, et à présent, je cherche un éditeur pour mon roman.